Sandra Rude

Cher(e)s membres,


Auteure et réalisatrice de documentaires depuis une quinzaine d’années, je travaille majoritairement pour les chaînes de la TNT ou payantes, dont le financement des documentaires varie fortement. Mes domaines de prédilection portent sur la culture, l’histoire et la société.

Je me réjouis des avancées permises par la Garrd depuis sa création et félicite tout particulièrement les équipes qui ont fait avancer les choses, ne ménageant ni leur temps, ni leur implication. Des résultats tangibles sont déjà perceptibles : relecture des contrats, conseils juridiques précieux, négociation avec les producteurs, notamment pour le financement de l’écriture des dossiers. La convention tripartite signée avec France Télévisions fait déjà mouche puisque nombre de producteurs proposent désormais des contrats d’option, même quand les projets ne sont pas destinés à la télévision publique.

J’ai conscience qu’il reste encore néanmoins de nombreux chantiers sur lesquels nous devons faire entendre notre voix. Le programme des candidats au second tour de cette élection présidentielle en matière de culture et de télévision est des plus préoccupant. Entre la privatisation pure et simple du service public ou la suppression de la redevance, l’avenir du documentaire en télévision, genre déjà sous financé, est plus que jamais menacé.

C’est la raison pour laquelle je présente ma candidature au Conseil d’administration de la Garrd afin de défendre au mieux les intérêts des auteurs et réalisateurs de documentaires.

Nous restons la seule profession de tout le secteur audiovisuel où il n’existe aucun salaire minimum : aussi ai-je envie de me battre aux côtés de la Garrd pour mettre fin à cette incongruité. Un salaire minimum, au moins égal à celui des chefs opérateurs, assorti d’un nombre minimum de jours selon la durée des documentaires me paraît la seule façon de mettre fin aux abus et négociations houleuses avec les producteurs en matière de rémunération. A la fois à l’origine des documentaires, et au cœur de leur création, nous restons aujourd’hui encore la variable d’ajustement. Cette situation doit cesser.

Je souhaiterais aussi engager des discussions avec les diffuseurs afin que le droit moral des auteurs-réalisateurs soit davantage respecté. Je suis persuadée ne pas être la seule à constater un véritable effondrement de cette prérogative ces dernières années. Bien souvent, le diffuseur impose des changements de commentaires ou de montage sans aucun respect de la moindre éthique journalistique.

La concentration des médias autour de grands groupes, qui se double d’une intégration verticale – achat de sociétés de production qui deviennent de facto de simples exécutants des chaînes- est aussi très préoccupante. C’est une fois de plus de documentaire d’auteur et de création qui est en danger, les diffuseurs souhaitant faire de plus en plus rentrer les documentaires dans des cases formatées.

Je reste persuadée que le dialogue, avec les diffuseurs comme les producteurs reste le meilleur levier pour poser à plat toutes ces problématiques et trouver ensemble des solutions… A condition bien sûr que nous soyons invités à la table des négociations !